Bourses à la création

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Regards Sans Limites - 1er édition

Blicke ohne Grenzen

-- Les lauréats --

Vey Chantal


aux bords... / op de grenzen
Ma démarche artistique se nourrit depuis plus d’une dizaine d’années par ce qui provient d’ailleurs, aller vers l’autre, l’étranger, l’inconnu ; elle me conduit à être sans cesse dans le déplacement, sur de nouveaux territoires à explorer, le temps d’une marche, d’un voyage, d’une résidence.
Moi-même étrangère dans cet «entre-deux» qu’est l’ailleurs, «entre-lieux» et «entre-temps», je trouve dans le médium photographique la correspondance d’une «présence au monde» que révèle cette trace et découpe de réalité.

Après avoir résidé dans différentes villes européennes, en 2008 j’ai choisi
Bruxelles pour suivre ma voie au coeur et au carrefour de l’Europe.
Cet automne, j’ai décidé de réaliser une itinérance dans cette nouvelle terre d’adoption, que je cherche à mieux connaître et où la question de frontières est forte d’actualité !
L’objectif a été de sillonner les bords de la Belgique d’une longueur de 1386
kilomètres, que jalonnent la France, le Luxembourg, l’Allemagne et les Pays-Bas.
J’ai tenté de suivre rigoureusement le tracé depuis Bray-Dunes jusqu’à
Cad-Zand en débutant le périple le 9 septembre 2010 au départ de Dunkerque, pour
arriver à Cad-Zand le 28 octobre et revenir à Bray-Dunes le jour suivant.
J’ai parcouru, noté, photographié, filmé, de recherches en hésitations... très vite je me suis aperçue que les repères les plus marquants se trouvaient au sol, le
bitume, les pavés, les pointillés blancs, les plaques de ciment, les abords des routes ... et ensuite les panneaux de signalisation.
Deux cartes Michelin et un GPS m’ont permis de cartographier au plus
précisément le parcours ; les détours et impasses se succédant. Mais finalement qu’importait la stricte précision, la route était là et me conduisait dans des zones incroyables, des petits sentiers ou des chemins, des nationales, des autoroutes, des zones impraticables... Je roulais, je stoppais et faisais demi-tour, je me garais et marchais ... pour toujours repartir et continuer à chercher.

J’ai choisi de loger soit chez l’habitant, soit dans ma fourgonnette transformée en mini camping-car ! Ainsi, les personnes que j’ai côtoyées quelques jours ou plus subrepticement sur le chemin, m’ont fait part de commentaires ou
anecdotes, et ont souvent accepté de me guider ici ou là vers la frontière. Je leur demandais de me montrer un point de vue particulier que le spectateur pourrait aussi découvrir. Ces femmes et ces hommes que j’ai photographiés sont toujours tournés vers la Belgique et regardent au loin le paysage.

Au fil de cette itinérance, les listes de lieux, les énoncés topographiques et
descriptifs que j’enregistrais minutieusement au jour le jour, sont devenus de véritables cartes poétiques à lire et à découvrir dans le déplacement, dans une succession d’instants donnés.




Seit ungefähr einem Jahrzehnt befruchtet sich meine künstlerische Tätigkeit aus dem Anderswo, aus dem Weg zum Anderen, Fremden, Unbekannten. Sie führt mich dazu, stetig zu reisen und Neuland zu erkunden, sei es während eines
einfachen Spaziergangs, einer großen Reise oder beim zeitweiligen
Niederlassen.
Als Fremde in dem Zwischenort des Anderswo, zwischen Raum und Zeit, finde ich in dem Medium Fotografie die Korrespondenz zu den Spuren und den

titre de la galerie : aux bords... / op de grenzen

GOFFIN François

Yollarda part.2 / Yollarda 2. Teil

Le travail présenté s’inscrit dans un projet plus global traitant du monde turc.

Les images réalisées au Kurdistan restent volontairement à l’écart du
documentaire "objectif" ou d’une démarche descriptive. A la recherche de nouvelles images, interrogeant continuellement ce que photographier veut dire, j’entreprends ce travail avec pour seule exigence : la disponibilité.
Les photographies prises lors de différents voyages, ne s’articulent vraiment en série qu’une fois leur intérêt esthétique reconnu. Misant sur une lecture
suggestive où les lieux visités, les personnes rencontrées, offrent par
l’intermédiaire de mon appareil, une vision à la fois intime et poétique.

Cette région coincée entre deux continents révèle que la prétendue fracture entre deux cultures n’est en réalité que méconnaissance de ce pays qui au fil de l’histoire est parvenu à offrir une diversité culturelle rare. Alliant modernité et coutumes historiques, conciliant religion et laïcité, elle s’efforce de conserver une unité là où progressisme et fondamentalisme tendraient à la diviser.

La photographie permet de faire partager une vision optimiste d’une région
riche d’un croisement des cultures occidentales et orientales d’où émanent souvent à tort incompréhension voire appréhension.
François Goffin

titre de la galerie : Yollarda part.2

Kreck Henrike

Mondes transposés – Les "external affairs" de Henrike Kreck / Aufgehobene Welten – Die "external affairs" von Henrike Kreck
Henrike Kreck rencontre-t-elle des lieux abandonnés où le temps semble s’être arrêté et qui donnent l’impression d’être pris dans un sortilège: elle les scanne d’un clic pour être certaine d’en avoir le souvenir. Ensuite, dans l’espace de temps qui est consacré au motif durant les différentes étapes du travail, celui-ci s’enrichit pour ainsi dire par l’attention qui lui est prodiguée. C’est le même processus que dans un acte méditatif: la matérialité du lieu se transforme et c’est alors l’essence de ce lieu qui est perçue. En assemblant 300 prises de vue en une grande composition, l’histoire et l’aura du lieu, captées et mémorisées, se transposent alors dans l’oeuvre présentée.
Le point culminant des espaces mis en scène, ce sont les personnages ajoutés qui attirent inévitablement le regard sur eux. Ils sont l’articulation du lieu et ressemblent à des gardiens auxquels on a confié quelque chose de précieux, à la fois nourri par le temps et menacé par lui de disparition. Telles des figures
allégoriques, ils triomphent dans ces images produites par ordinateur: c’est l’horreur de la salle d’opération de la prison pour détenus politiques à Tallinn, c’est l’atmosphère apparemment agréable d’une discrète tonnelle, c’est la
solitude froide, suspendue au rêve, dans un paysage de forêt marécageuse.
Les collages photographiques de la série "externals affairs" de Henrike Kreck ont la caractéristique d’être une double mémoire du monde. Dans le sens où sont trouvés des lieux intéressants à conserver et à intégrer dans des
archives photographiques digitales et dans le sens où ces lieux se retrouvent, par
l’intermédiaire de la transformation artistique, transposés à un niveau
supérieur

titre de la galerie : Mondes transposés – Les \"external affairs\"

Galbats Patrick

Café Odyssée - la nouvelle vague / Die neue Welle

Depuis la fin des années 1960, le Luxembourg connaît une importante
immigration de travailleurs venus du Portugal. Aujourd’hui la
deuxième voire la troisième génération issue de cette première
immigration portugaise s’éloigne de l’image de l’ouvrier travaillant dans la construction ou de la femme travaillant en tant qu’aide-ménagère.

Puis de 1990 à nos jours, la population portugaise au Luxembourg a
doublé de 40 000 à 80 000 personnes. Beaucoup d’entre eux travaillent dans
"l’intérim" et repartent par la suite au Portugal. Malgré les multiples départs, le
nombre de quatre mille nouveaux arrivants est constant et ceux qui restent
finalement au Luxembourg dépassent les deux mille personnes par année.

Cette deuxième vague d’immigration est due à une nouvelle crise économique qui ne cesse de durer. Au Portugal, certains abandonnent un emploi "sûr" dans le monde tertiaire pour venir travailler, comme les premiers arrivants, dans la construction ou d’autres emplois aux petits salaires.
Entre la première génération de l’immigration portugaise et nos jours,
il existe probablement autant de sujets à creuser que de destins humains. Malgré tout, je me concentre dans ce travail sur la "classe ouvrière" et leurs lieux de vie. Ces gens qui sont venus pour améliorer leur chance et celle de leurs enfants revivent d’une certaine manière, ce qu’ont déjà vécu les hommes et les femmes d'antan.
En photographiant les chambres d’hôtes au-dessus des cafés et des restaurants qu’ils louent, j’essaye de dessiner un portrait de la situation actuelle de cette immigration.

Mon travail se veut documentaire d’un côté et devient de l’autre côté un
hommage personnel à cette population immigrante du Portugal et d’ailleurs. Car sans elle, le Luxembourg n’aurait pas connu la stabilité que nous vivons
encore aujourd’hui et ne serait pas devenu cette terre d’accueil que notre pays est malgré tout.
Patrick Galbats

titre de la galerie : Café Odyssée - la nouvelle vague